Du plaisir au bonheur

Dissimuler sa nature profonde ne rime plus à rien.

Néanmoins, tabous et idées reçues prédominent encore dans le paysage audiovisuel.

La sexualité lesbienne est à la fois complète et complexe, en voici la preuve.

Mercredi 5 août 3 05 /08 /Août 10:03
Par Orchidée - Publié dans : Vidéos - Communauté : Volupté féminine
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Mardi 4 août 2 04 /08 /Août 07:01

joy argentoMa chère Lola,

Tu m’as fait rire dans ta lettre, quand tu dis avoir expliqué à ton mec que l’orgasme n’est pas une question de grosseur de bite ou de performance sportive, plutôt d’être à l’écoute de sa partenaire. Je ne doute pas de ta capacité à lui faire comprendre la leçon.

 

J’ai passé ces derniers jours beaucoup de temps avec le coach de l’agence, ex mannequin elle-même. Franchement, j’aimerais lui ressembler à son âge. Les leçons ne servent pas seulement au boulot. Je me tiens plus droite, je marche mieux, donc je fatigue moins. Je connais les produits bons pour ma peau, ceux à éviter. Mes sourcils ont poussé, ils me donnent un air canaille qui, si j’en crois le coach, est du plus bel effet.

La semaine suivant notre aventure, autant la nommer ainsi, j’ai revu Viviane avec beaucoup de plaisir. Nous nous sommes promenées, on a été au cinéma, elle est venue déjeuner chez moi et j’ai été invitée chez elle. Mais pas le week-end, je la laisse avec son mec. Donc, tout ce temps passé en sa compagnie est un pur bonheur. Une impression me chiffonne cependant, il suffirait de peu qu’elle ne passe de l’autre côté du miroir. Est-ce pour elle un fantasme, un désir, ou un sentiment plus profond envers moi ? La question se pose.

Un coup de téléphone de Sarah m’a déboussolée. Retenue à New York pour le boulot, elle a su me dire que je lui manque, mais pas quand elle envisage de rentrer. Ce que je ressens a aussitôt refait surface, amenant une déprime détestable. En sa présence je voulais simplement être moi, la gentille Anaïs, une personne sincère capable de tout donner.

Si Sarah avait reconnu qu’une autre femme comptait dans sa vie, je n’aurais pas insisté. Mais d’entendre ce « Tu me manques, trésor. » poussa les trompettes de la révolte à résonner dans ma tête. Quand on se retrouvera, car elle finira par revenir, ce sera à moi de la faire courir. Je serai devenue entre temps une maîtresse experte, l’amante incontournable.

 

Un lieu inconnu méritait mon attention : le 3 W Kafé (Woman with Woman). C’est fait, ma petite Lola. Ce célèbre bar lesbien a servi de décor à une scène de « La vie d’Adèle », Palme d’Or au festival de Cannes 2013, tu m’excuseras du peu. Les hommes y sont tolérés, mais on n’en voit pas beaucoup. N’ayant pas davantage aperçu Adèle Exarchopoulos, l’héroïne du film qui me fait craquer, je suis retournée au Nix Café, avec l’intention de me faire une place dans ce microcosme de la « lez attitude ».

Pour une fois, on me remarqua. Un jean beige taille basse et un tee-shirt assorti y furent pour beaucoup. Comme d’habitude pour sortir, je n’étais pas maquillée. Tous ces trucs sont réservés au travail de mannequin, ma peau est très bien au naturel. Un baiser avec ou sans rouge à lèvres n’a pas la même saveur, je préfère sans. Les ongles longs et vernis ? C’est au minimum inconfortable, voire dangereux, au cours d’un rapport lesbien ; un ongle peut blesser les chairs intimes, le vernis peut provoquer des inflammations. En fait, il ne me manquait qu’une casquette pour dissimuler mes longs cheveux. Je me suis contentée d’une queue de cheval haute.

Je venais draguer ou me faire draguer, pas question de repartir seule. Pas question non plus de servir de faire-valoir à n’importe qui. On m’a persuadée que je suis jolie, bien faite, alors ces atouts doivent me servir.

Des copines à Sarah installées à une table me firent une place. Elles m’accueillaient comme une des leurs maintenant. Attitude plaisante mais trop réservée, ces filles ne se draguaient pas, ne couchaient pas entre elles, se retrouvaient pour boire un verre et papoter. Le débat du soir tournait autour du mariage gay enfin reconnut légalement, la volonté ou la nécessité de porter le combat sur un autre terrain. Je finis par m’ennuyer.

– Ça ne va pas, Anaïs ? demanda Nathalie, petite brune de 21 ans étudiante aux Beaux-arts.

– Je ne suis pas venue pour parler politique, répondis-je négligemment, j’ai envie de me faire une nana.

Ce ne fut pas tant l’aveu qui jeta un froid, mais la tournure de phrase employée. Les regards sur ma personne changèrent. Tant pis ! Je les abandonnai bientôt, après avoir repéré une fille esseulée au comptoir.

 

– Salut, tu veux boire quelque chose ?

L’inconnue tourna vers moi une frimousse d’employée de bureau torturée par ses collègues, le genre à crier « Au viol ! » quand un courant d’air s’infiltre sous sa jupe. Il ne me vint pas à l’idée que je lui ressemblais sans doute à mon premier passage dans ce type de lieu.

Sous la chevelure brune flirtant avec ses épaules tombantes, je découvris un joli minois rond, plein, respirant la santé. Les lunettes à fine monture sur un petit nez à peine épaté révélaient deux grands yeux noisette.

– Une bière, merci, glissa une petite voix de gorge intimidée.

Un geste à la barmaid, un sourire entendu, et on nous servit. Mon invitée resta interdite devant le Vittel rondelle.

– Tu ne bois pas ?

Sans l’avouer, je trouvais ridicule de commander la même chose qu’une personne qu’on veut séduire pour s’inventer des points communs et justifier l’abordage.

– Ça m’arrive, mais ce n’est pas bon pour la peau. Á la tienne quand même, fis-je en trinquant, armée de mon plus beau sourire. Comment tu t’appelles ?

– Sandrine, et toi ?

– Anaïs. Tu fais quoi dans la vie, à part profiter d’une belle soirée d’été.

La faire parler, lui montrer de l’intérêt, démonter le savant mécanisme de la séduction par des interventions réfléchies, ne pas jouer les ingénues éblouies, ne pas se mettre en avant ni en arrière, ne pas forcer les confidences mais provoquer le désir d’en faire, lire entre les lignes, tout cela me convenait. Je draguais pour la première fois, avec un plaisir non feint.

Sandrine, qui se sentait hétéro depuis toujours, expliqua l’arrivée d’une nouvelle collègue dans le cabinet d’assurance pour lequel elle travaillait. Lier connaissance lui avait paru normal, se lier d’amitié avait suivi. La nouvelle était lesbienne et, de fil en aiguille, la relation évolua. Sandrine abandonna son mari pour une femme.

– Delphine voulait vivre avec moi mais… je ne sais pas, poursuivit la jeune femme de 25 ans après avoir commandé une autre tournée. Elle donnait l’impression de vouloir régir ma vie, je me sentais prise au piège.

– Ce n’est pas simple en effet de tenir à quelqu’un sans l’étouffer. Alors un coup de blues t’a amenée jusqu’ici.

– Oui, admit-elle avec une facilité naissante, preuve que la belle se détendait en ma compagnie. Retourner vers un homme ? C’est difficile maintenant, je ne pourrai plus me comporter comme avant. Je veux être une femme sans que ce soit un rôle à jouer, tu comprends ? Je fais le ménage pour vivre dans le propre, pas parce que mon devoir d’épouse l’exige.

Sandrine devenait intarissable. Une gorgée de houblon, et elle repartit dans sa diatribe.

– Tu bois de l’eau, c’est ton choix, je le respecte. Qu’on reconnaisse mon droit à aimer la bière sans me traiter de garçon manqué, ou pire. Pourquoi, à diplôme équivalent, une femme est moins bien payée qu’un homme au même poste ? Un mec raconte une histoire de fesses à un repas entre amis ou en famille, tout le monde en rit. Une nana fait la même chose, on la dévisage comme une lépreuse. Merde alors !

Oups ! La liberté de penser entraînait une libération du langage, le vernis policé s’écaillait. Un rire franc tinta à mes oreilles.

– Quoi ? gloussa Sandrine devant mon air déconfit. Tu n’es pas d’accord ?

– Si ! Ta manière de l’exprimer m’amuse, c’est tout. Enfin non, ce n’est pas tout, je dirais plutôt qu’elle me charme.

Le regard noisette à travers les lunettes s’éclipsa un très court instant derrière un battement de paupières appuyé. Laquelle des deux avait touché l’autre ?

– Parle-moi de toi, lança Sandrine enfin calmée.

Prise au jeu, je me laissais aller à certaines confidences, sans entrer dans les détails sordides du rejet parental de mon homosexualité, ni de la grande question de mes sentiments envers Sarah, la présentant comme celle qui m’avait offert une belle opportunité d’emploi. Il ne s’agissait pas d’un manque de confiance, mais du refus d’endosser le vêtement d’une victime. Je voulais la persuader de mes capacités à réussir, lui donner envie de connaître la femme qui vivait en moi, non la pousser à materner une adolescente meurtrie.

– Tu vas reprendre tes études, alors ? demanda Sandrine, un coude sur le comptoir et la joue dans sa main, dans une attitude d’écoute attentive.

– Oh oui ! Je veux bien faire un peu de photos, il faut reconnaître que ça paie, mais ma passion c’est la littérature. Après la Sorbonne, je ne sais pas, prof ou écrivaine… Si, ça se dit, on appelle ça la sexualisation des professions.

Nouvelle étape dans le processus de séduction, on en était à relever avec humour certains mots ou expressions particulières à chacune. L’ironie permettait surtout d’en apprendre sur les espoirs à court terme, sur ce que chacune attendait de l’autre dans l’immédiat, une manière de dédramatiser la situation. Je me fis prendre de vitesse par Sandrine à ce jeu.

– Alors, tu viens ici chercher la femme de ta vie.

– Euh… non, finis-je par admettre. Un peu de bon temps suffirait.

Les yeux derrière les lunettes s’écarquillèrent, la commissure des lèvres se releva, je m’attendis presque à la voir se gratter la tête sous l’effet de la réflexion, ou se frotter le menton, comme dans les dessins animés. La surprise venait de changer de camp.

– Ne me dis pas que…

– Quoi ! lâchai-je dans un éclat sonore qui divertit la serveuse occupée à nettoyer des verres. Je te choque ?

Sandrine ne pouvait pas douter de ma bonne humeur, mais paraissait circonspecte sur ce que je venais d’avouer à mots couverts.

– Non, non ! se débattit-elle aussitôt, prise à son piège. C’est juste, euh… curieux de t’entendre l’avouer comme ça.

– Comment voudrais-tu que je le dise ?

D’autres regards se tournèrent dans notre direction, attirés par nos rires. Leur présence ne nous gêna pas, il était trop tard pour cela. Certaine de ne pas essuyer un refus, amusée d’abandonner la poignée d’indiscrètes à son sort, je pris une des mains de Sandrine dans les miennes. Son frisson se propagea à tout mon être.

– On va chez moi, j’habite à côté.

Elle ne se déroba pas, et se laissa entraîner. On partit presque en courant, comme deux gamines délurées pressées de faire quelques bêtises.

 

Ma chère Lola, si tu voyais mon nid maintenant, tu tomberais des nues. J’ai installé des posters, tous tirés à partir de scènes d’amour de films lesbiens. La petite mamie du rez-de-chaussée sera sans doute choquée. Mais ce n’est pas vulgaire, attention, j’ai choisi des représentations érotiques de mon attirance.

 

– Tu annonces la couleur, au moins, gloussa Sandrine dont la main restait dans la mienne, à la découverte de mon alcôve.

– Disons que je n’aime pas l’hypocrisie.

– Tu as vu ce film ? ajouta-t-elle après un sourire de connivence, le doigt sur l’image des deux femmes nues enlacées dans leur sommeil. « When night is falling. »

– Oui, Pascale Bussières est surprenante.

– Et celui-là ! s’exclama Sandrine devant la photo étalée sur la largeur complète de la tête du lit. Certaines disent que les scènes de sexe dans « La vie d’Adèle » ne sont pas réalistes.

Sur le poster, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux se broutaient mutuellement le minou. Soft mais évocateur.

– Je ne sais pas, balbutiai-je, rattrapée par ma niaiserie. Je n’ai pas vu le film, et j’imagine que toutes les filles ne font pas l’amour de la même manière.

– Tu as raison. C’est chaud, s’emporta mon invitée, d’une grande beauté érotique. J’ai le DVD, on se fera un visionnage chez moi si tu veux.

– Merci, dis-je en lâchant sa main. Tu veux boire quelque chose ? Je n’ai pas de bière.

– Comme toi, ça ira.

Je tapotai rapidement sur la télécommande de la stéréo. Une voix sensuelle s’éleva sur un air de Chill out. Deux petites bouteilles de vodka soda, des verres pour la forme, et je m’adossai au bar, le regard perdu à la contemplation de Sandrine à deux mètres de moi, au milieu de la chambre.

 

Son ondulation au rythme de la musique provoqua l’entrebâillement du chemisier échancré sur une gorge blanche, la silhouette apparut à la lumière sous le tissu. Je devinai les seins pas très gros mais larges, d’une exquise rondeur. Les épaules dans l’alignement des hanches prononcées sous la taille fine, le bassin généreux, elle s’approcha posément, portée par des cuisses pleines gainées dans un pantalon de toile grise taille basse. Sa main joua avec les pans de la chemise, les écarta afin de livrer à mon regard subjugué la vision d’un nombril profond.

Sandrine se coula contre moi, mordilla ma lèvre inférieure. Avant que je prenne sa bouche, elle avait saisi une bouteille sur le comptoir, virevolté en souplesse, et s’était posée à côté de moi, son bras contre le mien.

On trinqua sans un mot, les yeux dans les yeux. Une gorgée de vodka, je l’enlaçai pour un slow. On se déhancha dans un langoureux corps à corps, ses formes incrustées aux miennes, ma joue sur son front, attitude d’abandon mutuel. Le sucré de son parfum léger disparut derrière la fraîcheur naturelle de sa peau.

Un regard échangé, l’acceptation du désir, la tendresse partagée d’un sourire, je pris ses lèvres avec douceur. Notre baiser s’éternisa le temps de la danse, sans autre geste que mes mains sur ses hanches et ses bras autour de mon cou. Les corps enlacés, les langues lovées l’une contre l’autre, on laissa monter la fièvre sans provocation inutile.

 

Repue de ma salive, Sandrine me poussa contre le bar dans ma position initiale. Elle m’offrit sa bouche après l’avoir remplie d’une gorgée de vodka soda. Nos langues se mêlèrent dans le liquide pétillant, dont une partie échappa à ses lèvres pour se répandre dans son cou. Je léchai le résultat jusqu’à l’entendre soupirer.

On s’aventura dans une lente découverte de nos nudités par un déshabillage mutuel, sans plus attendre, sans rien précipiter, détachant nos vêtements un à un. L’exercice s’éternisa, entrecoupé de regards captivés, de caresses suggérées, de halètements compulsifs au son envoûtant de la Chill. Les habits mélangés jonchèrent enfin le parquet entre la porte et le bar.

Les bras tendus, ses mains dans les miennes, je me laissai aller à l’observation du cou fin dans lequel battait la grosse veine. Les seins étaient comme je les avais imaginés, pas très gros, ronds et larges aux belles aréoles brunes, aux tétons encore sages. Je fus une nouvelle fois surprise par la profondeur du nombril au milieu du ventre plat magnifiquement dessiné. La taille mince s’évasait sur des hanches pleines. Le pubis épilé, mon regard se focalisa sur la naissance de la fente fermée de son fruit d’amour. Les cuisses musclées sur deux jambes galbées à souhait parachevaient ce nu artistique de femme accomplie.

Sandrine me détailla de la même manière. L’éloquence de son regard me fit me sentir belle et désirable. Je découvrais le pouvoir de l’érotisme suggéré, de la sensualité d’un corps exposé à la vue de l’autre, offert dans ce qu’il avait de plus impudique.

 

Je remplis sa bouche d’une gorgée de vodka. Nos langues se retrouvèrent dans le liquide qui s’évada de nouveau entre ses lèvres charnues. Je léchai le résultat sur son menton, dans son cou, entre ses seins que j’empoignai au passage, jusqu’au nombril que je pénétrai de la langue. Tendue, ma belle poussa son ventre en avant. Mais je ne répondis pas à sa supplique.

Puis ma bouche suivit le chemin inverse. Je remontai lentement de long de ce corps vibrant que je désirais ardemment. Je pris ses lèvres dans un nouveau baiser passionné. Sandrine empoigna mes fesses pour mieux nous souder l’une à l’autre.

 

Un second slow nous rapprocha du lit. Ma cuisse gauche se faufila entre ses jambes, se frotta à ce sexe que j’allais enfin toucher, embrasser, aimer. Sa langue dans ma bouche, Sandrine laissa ses pétales s’ouvrir et déposer un peu de mouille sur ma peau, pour mon plus grand plaisir.

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Lundi 3 août 1 03 /08 /Août 09:47
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Dimanche 2 août 7 02 /08 /Août 10:38

 

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Samedi 1 août 6 01 /08 /Août 14:35

joy argentoTrès chère Lola,

Pas vraiment inquiète, je m’interrogeais tout de même sur la réaction de Viviane au lendemain de cette aventure hors du temps. Sans doute avais-je gâché toute chance de la mettre dans mon lit, je regrettais un peu ma précipitation. Mais la vie se fait aussi de ce genre d’expériences. Pour rien au monde je ne souhaitais un retour à la case départ. J’avais été honnête avec Sarah, et elle l’avait été envers moi. Notre séparation était de son fait, non du mien… Je me maudis de penser encore à elle, d’espérer son retour.

Peut-être que je souhaite découvrir mon moi profond par l’apprentissage d’un langage corporel particulier. La question se pose. Ou alors je suis amoureuse, et le désir est la répercussion de cet étrange sentiment. Les deux situations me paraissent catastrophiques. Je suis en passe de devenir une obsédée sexuelle, ou alors je m’entiche de la première femme qui croise mon chemin.

C’est difficile de grandir, Lola. Néanmoins, je n’ai plus le choix. La vie parisienne n’est pas faite pour une gamine isolée comme moi, dont l’unique attache familiale est un téléphone portable qui sonne à Londres.

 

Viviane me reçut au studio de photographie avec la même gentillesse affectée que la veille, celle d’une jeune femme concentrée sur son travail. La séance de maquillage corporel se déroula au mieux, sans nécessiter de recours à une lingette intime. Il me fallait moi aussi réagir en professionnelle, mais surtout en adulte responsable, et ne pas laisser mes émotions imprimer de traces visibles sur mon corps.

Le photographe exigea de nous le meilleur. Il l’obtint, ce qui permit de terminer la journée de travail tôt dans l’après-midi. La présence de Viviane inutile pour le rhabillage, je m’attendais à la voir filer, pressée de profiter de sa liberté. Elle traîna au contraire à ramasser les tampons de coton imprégnés de poudre, à ranger ses affaires. Nous quittâmes le studio de photographie ensemble. Á peine dans l’escalier, sa voix résonna à mon oreille.

– Tu as quelque chose de prévu, maintenant ?

– Non, juste quelques courses, répondis-je l’air de rien, heureuse de me laisser entraîner.

 

Trois semaines à Paris, et je n’avais pas encore visité Montmartre. Le Sacré Cœur, bâti sur une butte, se repérait de loin. La Place du Tertre au pied de la basilique respirait au rythme des appels joyeux des peintres au milieu d’une foule bigarrée de touristes en mal de souvenirs.

La vie bouillonnait au milieu des présentoirs malmenés par des mains avides, sur les chaises défoncées des caricaturistes. Les terrasses de restaurants bondées, pressées par les vendeurs à la sauvette, résonnaient de langues et d’accents aux saveurs inhabituelles.

Accrochée à mon bras, Viviane s’incrusta sur une terrasse au centre d’une douzaine de joyeux lurons en foire, jeunes hommes et jeunes femmes issus de milieux différents, réunis dans ce paradis des cinq sens par une volonté commune de profiter de l’existence.

Ma tendre Lola, comme j’aimerais te faire découvrir l’enchantement de ce lieu hors du temps, hors des normes conventionnelles de notre société, là où les différences deviennent des sujets de contemplation, non un motif de discorde. Aucun besoin ici de se connaître pour se sourire, de parler le même dialecte pour s’entendre. On s’attendrait presque, par un bel après-midi d’été, à voir les anges délaisser la basilique le temps de se rafraîchir à une table, et répondre à leur dieu de patron sur un téléphone portable que le travail peut attendre.

Le comportement de Viviane se voulait celui d’une amie d’enfance, de celle qu’on se refuse à abandonner par peur d’avoir à grandir.

 

Une nana de notre groupe se leva, puis disparut dans la salle. La plupart des regards suivirent la brune pétillante, les sourires à la table devinrent des remerciements d’enfants au matin de Noël, les discussions se transformèrent en murmures. Que se passait-il donc pour assagir ainsi la bande de délurés dont les frasques m’amusaient depuis un bon moment.

Un flot de musique se déversa dans la salle puis dans la rue par delà la terrasse, précédant de peu une voix chevrotante, pleine d’émotions contenues. La brune réapparut dans notre champ de vision, un micro accolé à ses lèvres, le regard lumineux de ceux qui ont trouvé leur chemin et ne s’en écarteront sous aucun prétexte, sous aucune menace.

Heureuse de mon air surpris, Viviane colla son bras au mien dans un geste difficile à définir. Le contact physique entre filles ne signifie pas obligatoirement une attirance sexuelle, mais aussi la franche camaraderie, ou l’amitié platonique.

Incapable de me retenir, je me tournais régulièrement afin de saisir ses pensées. Son air mutin se teintait parfois d’une certaine gravité, jamais longtemps, comme si des pensées contradictoires se disputaient. Alors, sous le poids de mon regard, elle me rendait un sourire énigmatique, parfois accompagné d’une œillade.

La brune pétillante au micro, répondant au prénom de Véro, nous régala d’airs français connus aux quatre coins de la planète : « Une île » de Serge Lama, « Mon mec à moi » de Patricia Kass, « Domino » de Patachou, et bien d’autres, un récital d’une heure au cours de laquelle elle se promena de table en table, comme une vedette de cabaret incapable de se satisfaire de l’estrade. Elle vivait son art au milieu du public.

Véro s’approcha enfin de nous, s’installa sur une chaise derrière celle de Viviane et la mienne, et nous gratifia d’un sourire complice qui ne s’adressait qu’à nous. Sa voix s’accorda sans mal sur la musique du groupe « Mecano » :

« Deux femmes qui se tiennent la main

Ça na rien qui peut gêner la morale

Là où le doute s’installe

C’est que ce geste se fasse sous la table

Quand elles sont seules

Comme elles n’ont rien à perdre

Après les mains, la peau de tout le reste

Un amour qui est secret

Même nues elles ne pourraient le cacher

Alors sous les yeux des autres

Dans la rue elles le déguisent en amitié

Qui arrêtent les colombes en plein vol

Á deux au ras du sol

Une femme avec une femme… »

 

Le temps d’une chanson au titre évocateur, les attentions à notre table et aux autres se firent complices, les sourires engageants, les regards complaisants. On n’était pas dans le Marais, mais le ciel de Montmartre était aussi bleu. Viviane se pencha vers moi afin d’effleurer mes lèvres des siennes. Ce baiser léger, suggéré, fleurit dans ma poitrine comme une promesse d’avenir. Des « Ah ! » comblés se mêlèrent aux « Enfin ! ».

Véro finit son tour de chant, regagna sa place à notre table sous les applaudissements, et notre groupe redevint celui des joyeux lurons en foire.

 

La magie nous entraîna jusqu’à 22 heures. Entre les sujets variés de discussions, la dégustation d’un plateau de fruits de mer, quelques chansons de l’artiste à notre table, qui n’avait pas besoin de micro, la pendule égrena son chapelet d’instants délicieux entrecoupés de marques d’affection. Je laissais faire Viviane, cette soirée était la sienne. Sans abuser de la fibre sentimentale, la belle me gratifia de temps à autre d’un petit bécot, d’une main appuyée sur la mienne, d’un frôlement de ses jambes sous la table, autant de gestes anodins en d’autres circonstances, mais qui prenaient ce soir-là une dimension particulière.

– Coucher avec une nana, ce n’est pas vraiment tromper mon mec, hein ? me demanda-t-elle sur le trottoir en guettant un taxi.

– Honnêtement, je n’en sais rien, lui répondis-je sans avoir réfléchi à la portée de mes mots.

Viviane s’accrocha à moi de toutes ses forces, sa joue sur le haut de mon bras. Elle tritura une mèche de mes cheveux et glissa à mon oreille :

– Pas grave, je m’en fous.

Sa voix grelottait d’émotion.

 

Consciente d’une certaine nervosité, j’installai Viviane au comptoir servant de table, unique séparation entre la cuisine équipée et la chambre de mon studio. Si, à ce moment de l’histoire, elle avait fait marche arrière, je ne lui en aurais pas voulu. Bien sûr cette nana me plaisait, ma libido se satisfaisait de sa présence. Je n’avais pas seulement envie de faire l’amour, j’avais surtout envie d’elle. Le fait qu’elle soit hétéro ne rendait pas la chose plus facile, au contraire. L’aventure de la veille aussi me contrariait, comme un obstacle sur un parcours déjà difficile, comme si ce stupide jeu m’avait ôté le droit d’en exiger davantage.

– Tu veux boire quelque chose ?

La fin du magnifique film dano-suédois : « Fucking Amal » se rappela à ma mémoire, quand les filles quittent le bahut en clamant haut et fort : « Ma copine et moi, on va baiser. » avant de se retrouver dans la chambre à partager un chocolat. Oui, c’était peut-être ce que nous aurions de mieux à faire, boire un verre et rire de cette histoire, ne pas prendre le risque qu’elle nous entraîne trop loin.

Viviane en décida autrement. Elle se coula dans mes bras, enserra ma taille, puis leva vers moi un regard suppliant.

 

Ma bouche se fit douce, presque timide sur la sienne. La pointe de ma langue dénicha le sel de ses lèvres par à-coup. Elle les entrouvrit, comme un appel au secours, une invitation à l’audace. Notre premier baiser s’éternisa, de tendre à fiévreux, d’une sensualité délicieuse. Sans cesser de m’embrasser, Viviane me fit reculer, avec la lenteur d’un slow sans musique. Sa langue fouillait encore ma bouche quand nous tombâmes en travers du lit.

L’envie de déshabiller l’autre nous prit ensemble. On se roula sur l’édredon, avides de mettre nos peaux en contact, sans cesser de s’embrasser. L’exercice se transforma en tendre chahut, une série de gestes désordonnés, précipités par la curiosité. La tension se fit moins violente. Le dernier rempart de tissu envolé, la douceur revint, avec la volonté de pousser plus loin.

On fit connaissance lentement, d’attouchements en caresses, pour ne rien rater de cet instant si particulier. Les bras emmêlés, nos mains s’attardèrent sur un sein, un ventre, une joue, une fesse. Aucune ne voulait rester inactive à la découverte de l’autre. Nos bouches se séparèrent enfin pour nous permettre de nous regarder dans les yeux, puis pour mieux appréhender nos formes à la fois semblables et différentes.

Elle était belle avec son corps mince sculpté dans le marbre, tant la nervosité imprégnait tous ses muscles. Ses petits seins tendus m’invitèrent à l’audace. Je les cajolai, les massai, les baisai du bout des lèvres en prenant soin d’éviter l’aréole sensible. Ne rien précipiter. Ils réagirent pourtant, je finis par gober la pointe fière, par la titiller entre mes dents. Mon amante se pâma.

Puis Viviane entreprit les miens d’une caresse innée, les yeux ébahis, les mains avenantes, le souffle court sur ma peau.

– Tes seins sont beaux, susurra-t-elle avant de les embrasser.

Sa bouche glissa en haut, en bas, à droite, à gauche, entre mes deux globes maintenus dans ses mains fermes. Le geste devint appuyé, elle agaça les tétons de sa langue avant de les suçoter avec un plaisir non feint.

On se retrouva à genoux l’une en face de l’autre, désireuses de passer à la suite. Sans cesser de toucher nos seins, nos bouches s’unirent dans un nouveau baiser, je dénichai sa fente d’une main, et elle investit la mienne. On se caressa mutuellement, du bout des doigts, sans aller trop loin, par mimétisme, laissant le désir monter d’un cran, puis d’un autre.

N’y tenant plus, je la renversai sur le lit. Viviane lâcha un petit hoquet de surprise. Je la voulais maintenant, sur ce lit, je souhaitais lui faire ce que mon esprit méditait, cet appel des sens si particulier entre femmes, goûter enfin l’inaccessible.

Sans prendre le temps de caresser ses seins de nouveau, de toucher son ventre, de jouer avec son pubis, de l’amener à partager mon impétuosité, je glissai la tête entre ses jambes. Une dernière hésitation sans doute, je mordillai l’intérieur d’une cuisse. Puis je ne vis rien d’autre que ce sexe fermé comme un abricot, un coffre au trésor qu’il me fallait ouvrir.

J’introduisis ma langue dans les pétales d’amour, la résistance du fruit me surprit. Je léchai la fente de bas en haut plusieurs fois, puis tentai une nouvelle approche. Les chairs se détendirent, la doucereuse odeur de cyprine m’enivra. Viviane se rassura, et par là même occasion me donna la clé de son intimité. Ma langue entra cette fois, inquisitrice, avide. Je fouillai sa vulve comme j’avais fouillé sa bouche d’un baiser passionné, goûtant sa mouille comme j’avais goûté sa salive.

Mon amante soupira d’aise, elle glissa une main sous mon ventre, tenta d’atteindre mon minou trop loin. Sa main emprisonna un de mes seins dont elle tritura la pointe.

– Hum… tu lèches bien.

Encouragée, j’écartai les grandes lèvres avec mes doigts. Le vestibule m’apparut dans toute sa splendeur, nacré et humide, suintant de désir. Je l’investis de la langue.

Viviane me laissa jouer de ses nymphes, me repaître de sa liqueur, puis me demanda de la prendre avec mes doigts. J’en glissai un dans son antre, happé par ses chairs affamées. Elle oublia mon sein aussitôt pour porter ses mains à son sexe qu’elle ouvrit, débusquant son clitoris.

– Oh oui… plus fort…

Je la masturbai ainsi, le regard ébahi sur son trésor béant, sur ce bouton qu’elle malmenait avec une insolente indélicatesse. Je l’observai et guettai l’instant crucial.

Viviane fut longue à venir, comme si elle retardait le moment fatidique inconsciemment, comme si la peur d’être abandonnée la retenait. Ella lâcha prise pourtant, acceptant de livrer son sort superbe à ma vue. La regarder jouir me rendit heureuse.

 

Étendue sur le lit, mon amante dans mes bras, je n’attendais rien, aucune réciprocité, ni baisers ni caresses, juste qu’elle reste ainsi collée à moi. La portée symbolique de mon acte était la seule récompense qui vaille : je l’avais goûté et j’avais adoré ça.

 

Tu comprends, chère Lola, être attirée depuis toujours par les filles n’était pas suffisant. J’avais besoin de ce contact, comme un rituel de passage, pour concevoir ma nouvelle existence sous un jour acceptable. Je pourrai maintenant me présenter dans les bars du Marais avec cette certitude : je suis prête.

J’appartiens désormais à une communauté. Et même si l’idée de sectarisme me rebute comme je te l’ai expliqué il y a quelques jours, ça pourra me servir le cas échéant. Non, la vie d’une nana seule à Paris n’est pas simple. Alors, en cas de danger, je pourrai toujours me réfugier chez mes copines lesbiennes.

Je ne suis pas certaine que Viviane se soit retenue. Sans doute a-t-elle été longue à jouir à cause de mon inexpérience. Et sans ses propres caresses manuelles, elle ne serait pas venue. L’orgasme n’est pas à chaque fois au rendez-vous pour les filles, il nous faut une combinaison de plusieurs facteurs psychologiques, parfois un fantasme ou une caresse bien précise. Mais ne pas atteindre l’orgasme ne signifie pas qu’on n’a pas de plaisir.

C’est plus difficile dans les bras d’un homme, comme tu me l’as expliqué. Il s’attend toujours à nous faire grimper aux rideaux comme si sa virilité en dépendait. N’en déplaise à certains, cet esprit de compétition est dérangeant, il provoque même un blocage chez certaines femmes.

Quoiqu’il en soit, ma petite Lola, je possède un sacré avantage sur toi : je connais mon corps. Donc je connais celui de mes amantes. Et puis, on n’est pas pressées par le temps entre nanas, se caresser et s’embrasser n’est pas pour nous un petit préliminaire qui doit obligatoirement aboutir à autre chose.

Un dernier avantage, non des moindres, deux lesbiennes vont rarement chercher la délivrance en même temps. Le fait de s’occuper de l’autre sans la contrainte liée à son propre plaisir permet de mieux l’amener à l’extase. Il nous suffit d’inverser les rôles ensuite.

Tout ça pour te dire, chère amie, que jamais je ne serai à un homme comme je peux être à une femme. J’aime les seins et les minous, la douceur des courbes et les traits féminins d’un visage. Il ne pourra jamais en être autrement. Et là, je ne te parle que des raisons physiques, mon attirance ne se limite pas à cela bien sûr.

Pour en revenir à cette nuit avec Viviane, elle a voulu me donner aussi du plaisir. Pas besoin d’avoir fait des études pour savoir que ça ne pouvait marcher ainsi. La pauvre tenta de m’imiter, de me caresser, de me masturber, je ne la sentais pas à son aise et on arrêta avant que ça devienne trop glauque.

On discuta longuement ensuite, pour permettre à notre amitié de se développer. Nous désirons l’une comme l’autre nous revoir, passer du temps ensemble, mais pas comme amantes. Viviane est intelligente, drôle, honnête je crois. En sa compagnie je vis l’adolescence que je souhaitais, et dont on m’a privée à cause de principes imbéciles. Elle m’a invitée à déjeuner samedi midi, pour me présenter son copain. Je n’ai rien contre le principe, mais j’ai refusé. On doit d’abord passer au stade de véritables copines, nous libérer du contexte dans lequel nous avons bâti le début de notre relation. Ensuite, quand on sera capables de se parler sans rougir et sans penser à nos aventures sexuelles, on pourra envisager une autre étape.

Puis nous avons dormi côte à côte. Pas le choix, je n’ai qu’un lit. D’accord, au réveil elle était dans mes bras, mais on n’a pas essayé de recommencer.

 

 

Ma Lola, j’attends de tes nouvelles avec une impatience grandissante. Je t’embrasse.

Par Orchidée - Publié dans : Roman érotique - Communauté : Volupté féminine
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